« Soit tu innoves, soit tu meurs »

Vous avez peut être déjà entendu cette phrase : « Soit tu innoves soit tu meurs ». Elle est de Frank Darabont, scénariste et producteur français de la saison 1 de « The walking dead », série télévisée a succès.

En effet, après une première saison excellente, ayant su ravir les téléspectateurs, la demande en terme d’épisodes par la société américaine AMC  a doublé alors que les prévisions budgétaires étaient revues a la baisse. Cela a créé de la friction, de la controverse quant aux capacités de production, de respect des coûts et des délais et entraîné le licenciement de Darabont qui n’a pas pu faire face à cette demande en croissance.

Le processus d’innovation s’entend donc dans la capacité à trouver des idées, séduire, puis, si cela marche, déployer… en temps réels ou presque. Il faut aujourd’hui savoir tourner ses idées en produits. Etre réactif pour accompagner le déploiement de masse où savoir pivoter (Fail Fast !)

En s’intéressant ne serait qu’aux cinq dernières décennies, cette citation se confirme à nouveau quand on évoque des entreprises telles que Nokia, Thomas Cook qui sonnent la fin d’entreprises illustres alors que d’autres créent de nouveaux paradigmes comme la révolution des taxis avec UBER…

La rigidité,  la lenteur ou l’absence de progrès rendent les entreprises, tout comme les individus, beaucoup plus vulnérables à la compétition et peut également accélérer leur déclin.

Si on observe la nature, on découvre que la seule constante existante au monde est que les choses sont en perpétuelles évolutions : que ce soit les phénomènes naturels tels que la succession des saisons, les évolutions technologiques ou encore les changements appartenant au cycle de vie d’un individu.

Le changement, l’innovation, la réactivité sont LA réponse face à l’accélération due à une évolution des technologies comme l’internet des objets associés à l’intelligence artificielle qui bouscule la vitesse de production humaine et sa réactivité face à un marché en perpétuelle demande.

Agile est une des réponses à cette injonction « Soit tu innoves, soit tu meures ». Être Agile est très en vogue en France actuellement. Pour en comprendre les raisons, partons tout simplement de la définition : c’est  la capacité, pour un individu ou une entreprise, à s’adapter rapidement à des situations changeantes. Le Manifeste Agile  est à l’origine de ce mouvement et est la base de nombreux outils permettant de délivrer de la valeur ajoutée dans un temps relativement court. 

Au cœur de l’Agile, il y a l’Humain : les personnes. Contrairement aux machines, ils sont dotés d’un esprit et d’émotions qui influent sur leurs comportements, leur capacité à prendre des décisions, à tempérer leur ego.

Par opposition, l’Intelligence Artificielle ouvre le débat sur les robots qui exécutent des tâches a la place de l’humain. L’efficacité et la rapidité sont souvent très appréciables mais  la diminution progressive des rapports sociaux pose controverse. Alors imaginons une juste répartition des activités entre humains et robots.

Pour cela, il faut se familiariser avec les évolutions techniques et cohabiter avec elles pour faciliter notre quotidien.

Dans l’article  les 5 étapes de la transformation RH, on constate qu’en allouant moins de temps aux missions administratives et davantage aux employés, cela accroît leur engagement et la productivité globale. Donc l’administratif pourrait être délégué aux robots et les interactions entre humains, plus complexes, continueront d’occuper les humains.

Sommes-nous prêt à nous organiser pour que l’intelligence humaine deviennent le pivot d’une nouvelle organisation ?

Pour cela, prendre conscience de notre intelligence émotionnelle, en comprendre les clefs et apprendre à l’utiliser devient une étape nécessaire à l’évolution humaine. Voir notre interprétation dans l’article Mythe ou réalité

D’après l’article Culture is the Future of Work, Mason Stevenson, il apparaît que dans le classement du Top 10 des compétences professionnelles l’intelligence émotionnelle se substitue à l’écoute active. L’esprit critique (Identifier le faux du vrai) et la flexibilité cognitive font leur apparition du fait d’un contexte globalisé, de plus en plus complexe, limitant les interactions en face a face entre les collaborateurs

Dans ce même article, les PDG s’accordent pour reconnaître que le processus Agile sera leur principale priorité pour la performance de leur entreprise durant les trois prochaines années. Agile est une partie de la réponse pour entrer dans le changement. Cependant, la révolution est avant tout humaine. Il y a 3 clefs pour utiliser Agile comme moteur de l’innovation.

  1. L’enjeu n’est pas la productivité mais la performance. Les outils Agile ne sont rien sans transformation profonde de nos organisations.
  2. Appliquer les valeurs Agile du  Manifeste et ses 12 principes comme une mesure du progrès . Ce sont les 12 principes menés de front qui donnent sens à ce nouveau dogme en matière d’organisation d’équipe. 
  3. S’assurer que chaque itération (d’une semaine ou d’un mois) donne naissance à un produit achetable et assurer l’intégration de ce produit au même rythme.

L’intégration des livraisons des équipes bousculent et obligent l’ensemble de l’entreprise à se repenser. C’est là que la transformation Agile peine aujourd’hui. Les coûts d’une telle transformation, les hésitations pour passer d’un modèle hiérarchique à un modèle autonome où chaque département fonctionne comme un micro-système indépendant font peur.  Et si, au lieu d’une augmentation de productivité, je me retrouvais face à un chaos inextricable. Mais rappelez-vous, Agile, c’est avant tout s’ouvrir à la performance. Si l’identification de valeur ajoutée n’a plus cours dans l’entreprise car l’humains à été remplacé par des processus où chacun délivre une tâche. Alors le temps d’établir les nouvelles règles et de donner le droit d’oser aux équipes de manière franche et autonome, sera un passage vécu comme chaotique.

C’est bien souvent la raison pour laquelle, les têtes pensantes et le Top management vont choisir un bataillon de prestataires « Agiles » pour mettre en œuvre une transformation à l’échelle. Le Top management s’affranchit ainsi du risque d’un changement humain lourd conduisant l’entreprise dans une transformation profonde.  Et il pourra à loisir utiliser le statu quo pour freiner ou arrêter ce processus Agile.

La transformation du système de production, du modèle économique ou d’un modèle d’organisation doit être menée par les employés portant en eux la fierté et les valeurs de l’entreprise. Ce sont les équipes et le middle management qui sont la clef d’une mutation réussie.  Le changement peut certes être souhaité, il représente néanmoins un défi à mettre en œuvre. Se transformer demande du temps, des efforts et parfois aussi de la remise en question.  L’exemple naturel de la transformation de la chrysalide en papillon illustre que le changement est progressif et laborieux pour au final faire place à un état, une situation plus belle et spectaculaire. Cette dernière incitant individu et entreprise a prendre de la hauteur, prendre leur envol et s’élever à un niveau jamais atteint auparavant.

Pour conclure, il n’est pas nécessaire de choisir entre l’humain au centre de la technologie ou l’humain dépendant de la technologie. L’humain est à préserver au sommet de la liste des priorités et ce dernier a également pour responsabilité de s’éduquer sur la technologie, de l’utiliser à son avantage et de se focaliser sur les missions qu’il effectue le mieux notamment celles qui ne peuvent pas être effectuées par un robot.

Agile est un moyen, le C.ID.s (Courage, Intuition, Défi et sens commun) est le garant d’une mutation réussie.  il convient d’en déterminer des critères d’appréciation pertinents pour évaluer le degré de son succès ainsi que contribuer à la  longévité de la vision d’une transformation profonde qui porte le sens commun dans ses valeurs.

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Article co-écrit par Noémie Betukumesu, entrepreneure et speaker et par Dominique Popiolek-Ollé, fondatrice de In Imago.