- 1. Le piège du « parler sans agir » ou espace de décompression ?
- 2. Le temps : un ennemi invisible ou une chance de ralentir ?
- 3. Transparence la grande absente ou moment pour un dialogue ouvert ?
- 4. Le travail en silo ou collaboration porteuse de sens ?
- 5. Déni collectif ou espace pour affronter les vérités difficiles ?
- 6. Un essoufflement général ou opportunité de renouer avec l’inspiration ?
- 7. Transformer la culture de l’entreprise vers l’amélioration continue : une approche actionnable et humaine
- Focus Démarche
- Synthèse pour les pressés : Comment bien vivre chaque rétrospective ?
Lorsque j’ai publié pour la première fois mon article « Rétrospective : l’enfer », le 15 octobre dernier, je ne m’attendais pas à ce que mes mots suscitent une telle réaction. Mon ami et collègue Guillaume Dutey Harispe m’a laissé un commentaire direct et sincère : il avait perçu une succession d’injonctions dans mes propos et doutait de leur capacité à transformer un système. Son commentaire m’a interpellée.
Cette remarque était un miroir : elle reflétait une partie de moi qui, sans m’en rendre compte, s’était peut-être rigidifiée face aux obstacles et frustrations que j’éprouve dans les rétrospectives. Ce moment qui, autrefois, symbolisait pour moi l’essence même de l’agilité — un espace d’expression, de réflexion, de respiration collective — semblait aujourd’hui se transformer en un terrain miné d’ennui, de redondance et, oui, parfois même de colère.
L’injonction, ce n’était pas seulement dans mes mots, c’était dans mes émotions. Je voyais le potentiel des rétrospectives s’étioler sous les plaintes répétitives et les solutions toutes faites, et je cherchais désespérément à rappeler l’importance de ce rituel. Mais, au lieu de l’authenticité et du partage que je voulais susciter, j’avais imposé une vision qui laissait peu de place à l’exploration ou à la nuance. Guillaume avait raison : les injonctions, aussi bien intentionnées soient-elles, ne déplacent pas un système. Elles le figent.
C’est là que j’ai décidé de reprendre cet article, non seulement pour ajuster le ton, mais pour revisiter mes propres attentes envers les rétrospectives. J’ai entrepris une introspection pour comprendre ce que je voulais réellement insuffler dans ces moments d’équipe. Et la réponse était simple : de l’espace. Un espace où ralentir devient possible, où chacun peut poser ses fardeaux et être écouté sans peur d’être jugé ou contraint à l’action immédiate. Un espace qui incarne mes valeurs, et non un cadre rigide de solutions prédéfinies.
Et naturellement cela m’a ramené sur mon livre et la démarche que j’y ai associée, car je crois réellement que nous avons besoin d’espace de sécurité émotionnelle pour bien travailler, ensemble.
Cet article est donc un retour sur moi-même. C’est une quête pour redonner une place à la rétrospective comme lieu d’écoute sincère et de croissance, sans pression, sans injonctions. Une invitation à transformer l’enfer en un havre, non pas en imposant un cadre, mais en le co-créant, en laissant aux équipes la liberté d’écrire leur propre histoire de progrès.
Pour comprendre, mon état âme, voici les 7 paradoxes auxquelles je me sens confrontée dans la rétrospective et comment je tente d’y répondre.
1. Le piège du « parler sans agir » ou espace de décompression ?
Je me trouve face à un premier paradoxe : Comment faire de la rétrospective un moment d’action immédiate pour satisfaire mon besoin de mouvement, sans ignorer le besoin de décompression de l’équipe ?
2. Le temps : un ennemi invisible ou une chance de ralentir ?
Paradoxe 2: Comment faire de la rétrospective un moment pour avancer ensemble, sans être pris dans une course contre la montre ?
3. Transparence la grande absente ou moment pour un dialogue ouvert ?
Ici, la question est Comment créer un espace de transparence sans transformer la rétrospective en un exercice de contrôle et de partage d’informations ?
4. Le travail en silo ou collaboration porteuse de sens ?
Dilemne 4 : Comment sortir des silos pour favoriser la collaboration, tout en veillant à ce que cette collaboration apporte réellement du sens et de la connexion ?
5. Déni collectif ou espace pour affronter les vérités difficiles ?
Paradoxe 5 : Comment faire de la rétrospective un lieu où l’on ne fuit pas les vrais problèmes, sans que cela devienne une surcharge pour l’équipe ?
6. Un essoufflement général ou opportunité de renouer avec l’inspiration ?
Comment éviter que la rétrospective ne devienne une routine épuisante, et en faire un espace qui ravive la motivation et la créativité ?
7. Transformer la culture de l’entreprise vers l’amélioration continue : une approche actionnable et humaine
Comment faire de la rétrospective un moment d’action réelle pour la culture d’entreprise, sans cristalliser le changement ?
Est-ce de nature à bouger un système ? Peux-être pas… Mais une aide pour se reprendre en main, quand comme moi, vous vous transformez en ours grognon et empêcheur de tourner en rond. Un moyen d’être un peu plus réflexif dans nos actions.
Ce dont je suis sûre, et j’en ai témoigné dans mon livre Manager autrement en mettant au fil du temps au point une Démarche RESTE c’est que la première étape de Reste- Ralentir est précieux pour faire face au paradoxe du temps.
Ralentir devient une clé pour que l’équipe ne se perde pas dans une course contre la montre. Cet espace permet d’échapper au rythme effréné des cycles de travail et de poser les bases d’une réflexion qui va au-delà de la simple résolution de problèmes.
Suis-je prête à appliquer à moi-même cette démarche pour sortir de ma frustration et apporter en tant que coach l’énergie nécessaire pour booster le changement ? Le temps me le dira…
ET vous? Qu’en pensez-vous ?
Focus Démarche
Focus DÉMARCHE RESTE est l’acronyme de Ralentir – Écouter – Soutenir – Transmettre – Évoluer. C’est une proposition pour jongler avec son héritage, cheminer et trouver l’équilibre. |

RESTE est une démarche qui se décline en trois focus :
- Focus individuel : le changement est un leurre. Pour devenir intraprenant, c’est tout d’abord un choix personnel de se mettre en mouvement, de sortir de l’inaction. C’est une décision consciente qui alimente sa motivation interne, et ouvre un chemin pour un retour à soi. Ce chemin éclairé peut déclencher un phénomène de mimétisme auprès d’autres personnes et propulser l’ouvreur de chemin dans un rôle d’éclaireur, maître de ballet ou chef d’orchestre. De coach !
- Focus équipe : c’est décider à plusieurs de réaliser une œuvre qui nous dépasse. Un éclaireur, maître de ballet, compositeur, ou Propulseur, va accompagner l’équipe à se dépasser et accompagner chacun, individuellement, à découvrir son plein potentiel.
- Focus organisation : sortir du principe de précaution, ouvrir de nouvelles voies est le résultat du mouvement collectif initié par la mise en mouvement d’une posture de CIDs – Courage, Intuition, Défi, sens commun.
Synthèse pour les pressés : Comment bien vivre chaque rétrospective ?
Paradoxe | Choix / Dilemme (Accordion) | Registre du paradoxe | Check-list spécifique au registre du paradoxe |
---|---|---|---|
1. Le piège du « parler sans agir » | Choix entre transformer la rétrospective en un espace d’action ou en un espace de décompression pour reprendre son souffle. | Action immédiate vs Repos / Réflexion | – Action immédiate : Identifier des actions concrètes et réalisables, attribuées à des personnes spécifiques avec des délais clairs. – Repos / Réflexion : Créer un espace sécurisé pour décompresser et permettre à l’équipe d’exprimer ses difficultés. |
2. Le facteur temps : un ennemi invisible | Choix entre prioriser les actions urgentes ou ralentir pour donner à l’équipe le temps de se recentrer et de réfléchir. | Urgence vs Réflexion à long terme | – Urgence : Prioriser les problèmes critiques à résoudre immédiatement. – Réflexion à long terme : Prendre le temps de revoir les priorités, ajuster les délais, et permettre à l’équipe de se recentrer. |
3. Transparence absente | Choix entre encourager une transparence totale ou créer un espace de dialogue ouvert et sincère, au-delà du simple partage. | Transparence vs Dialogue profond | – Transparence : Partager les décisions et les informations importantes avec toute l’équipe. – Dialogue profond : Encourager des échanges sincères, au-delà des simples informations, pour aborder les vraies difficultés. |
4. Travail en silo : un frein à l’efficacité | Choix entre briser les silos pour améliorer la collaboration immédiate ou explorer des moyens de créer des collaborations plus humaines. | Collaboration technique vs Humaine | – Collaboration technique : Traiter les silos et redondances pour améliorer l’efficacité organisationnelle. – Collaboration humaine : Favoriser des collaborations plus profondes et significatives entre les équipes. |
5. Le déni collectif : éviter les vrais problèmes | Choix entre poser les questions difficiles pour affronter les vrais problèmes ou créer un espace sécurisé pour explorer les vérités inconfortables. | Confrontation directe vs Sécurité émotionnelle | – Confrontation directe : Poser les questions difficiles et utiliser des techniques comme les « 5 Pourquoi » pour aller à la racine des problèmes. – Sécurité émotionnelle : Créer un cadre sécurisé où l’équipe se sent à l’aise d’exprimer ses craintes et difficultés. |
6. Un essoufflement général | Choix entre raviver la motivation avec des petites victoires ou redonner du sens en réinspirant l’équipe à travers des discussions sur leur mission. | Récompenses immédiates vs Sens profond | – Récompenses immédiates : Célébrer les petites victoires pour maintenir la motivation et l’énergie de l’équipe. – Sens profond : Reconnecter l’équipe à sa mission et son but profond pour donner du sens au travail collectif. |
7. Transformer la culture d’entreprise | Choix entre transformer la culture d’amélioration continue via des actions concrètes ou créer un espace propice à l’apprentissage et à l’expérimentation en profondeur. | Changement superficiel vs Transformation profonde | – Changement superficiel : Mettre en place des actions concrètes comme des événements de partage ou des systèmes de récompenses. – Transformation profonde : Créer un environnement propice à l’apprentissage continu et à l’expérimentation, où l’échec est perçu comme une opportunité de grandir. |
Choix / Dilemme (Accordion) : Le dilemme auquel l’équipe/le coach est confrontée à chaque étape,
Registre du paradoxe : Le registre du paradoxe auquel cette étape répond. Chaque choix oppose deux pôles : une approche orientée vers l’action immédiate ou une approche qui invite à prendre du recul pour une réflexion plus large.
Check-list spécifique au registre du paradoxe : Cette colonne suggère des actions concrètes à entreprendre en fonction du registre choisi.